RESSOURCES
Concepts & notions
Écoféminisme
Courant qui met en relation deux formes de domination : celle des hommes sur les femmes, et celle des humains sur la nature. S’agit-il d’avoir une vision plus écologique du féminisme, ou, en introduisant la question des femmes dans l’éthique environnementale, s’agit-il de mettre en question la nature à laquelle cette éthique se réfère ? Plusieurs variantes : un écoféminisme culturel, qui se réclame d’une éthique du care, et un écoféminisme plus social et politique, qui, localisé au Sud, apporte, dans l’analyse, un troisième type de domination, la domination coloniale et post-coloniale qui pèse plus spécifiquement sur les femmes.
Égaconditionnalité
Mécanisme d’attribution des financements publics qui consiste à subordonner l’attribution des financements publics à des critères d’égalité entre les femmes et les hommes. Ce mécanisme s’inscrit dans une démarche de budgétisation sensible à l’égalité entre les sexes, promue au niveau européen et que le HCE recommande de développer activement.
Féminisme
Pensée qui préconise l'égalité entre les femmes et les hommes, et l'extension du rôle de la femme dans la société.
Féminisme décolonial
Courant qui se situe du point de vue des femmes racisées, et soulève des impensés du féminisme blanc, liés notamment aux disparités économiques et sociales du capitalisme et à l'histoire coloniale. Ce courant est porté en France par Françoise Vergès, notamment dans l'ouvrage Un féminisme décolonial, paru en 2019.
Féminisme différentialiste
Courant essentialiste dans lequel les femmes et les hommes sont naturellement différents. Ce discours de la complémentarité et de l’égalité dans la différence soutient une utilisation harmonieuse des compétences féminines dans la complémentarité des deux sexes pour le plus grand bien de la société. Le terme de parité est privilégié par rapport à l’égalité. Ce courant se réfère à Luce Irigaray, à Antoinette Foulque, Hélène Cixous, Nancy Huston.
Féminisme intersectionnel (ou "intersectionnalité")
Courant sociologique intégrant dans son approche la simultanéité des formes de domination ou de discrimination. Il permet de parler, au sein du féminisme, de personnes subissant le sexisme, mais aussi en même temps de l'homophobie, la transphobie, le classisme, le racisme, le validisme etc... Ce terme est apparu en 1991 dans l'ouvrage de Kimberlé Chow : Cartographie des marges.
Féminisme matérialiste
Courant caractérisé par l'usage d'outils conceptuels issus du marxisme pour théoriser le patriarcat. Ce courant est anti-essentialiste. Il analyse les « rapports sociaux de sexe » comme un rapport entre des classes sociales antagonistes (la classe des hommes et la classe des femmes), et non entre des groupes biologiques. La perspective politique qui en découle est donc révolutionnaire car la lutte des classes de sexe doit aboutir à la disparition de ces classes et donc du genre (cf. Christine Delphy, Nicole-Claude Mathieu).
Féminisme universaliste
Courant égalitariste (égalité formelle). C’est proclamer le droit à l’égalité. Pour les universalistes, la différence biologique ne peut expliquer les différences de comportement et la domination. Toutes les différences sont expliquées culturellement. (Michèle Perrot, Pierre Bourdieu, Françoise Héritier, Simone de Beauvoir …).
Genre
Le genre est une construction sociale et politique et non un produit de déterminisme biologique. Ce n’est pas le sexe. Le genre est un rapport de pouvoir, de domination, système qui produit une bipartition entre les sexes ainsi qu’une hiérarchie entre eux. Les valeurs associées au féminin sont systématiquement dévalorisées (valence différentielle Françoise Héritier). La théorie du genre n’existe pas.
Gender blind
Construit sur son homologue « color blind », c’est être littéralement « aveugle au genre », c’est ne pas voir que l’on appréhende les individus à travers le genre.
Homosocialité
Un entre-soi masculin étudié à travers le phénomène de « boy’s club, ». Notion. qui vient des États-Unis.
Mainstreaming
Le gender mainstreaming, ou approche intégrée de la dimension de genre, est une stratégie qui a pour ambition de renforcer l’égalité des femmes et des hommes dans la société, en intégrant la dimension de genre dans le contenu des politiques publiques et privées. Pour réduire ou éliminer les éventuelles inégalités entre les sexes inclure dans toutes les formations le concept genre, faire une approche transversale qui s’applique à tous les domaines.
Male gaze
Concept utilisé dans les arts visuels et la littérature pour décrire l'action de représenter les femmes et le monde depuis un point de vue masculin et hétérosexuel, comme des objets sexuels voués aux plaisirs de l'observateur. Popularisé dans le cinéma, le male gaze revêt trois perspectives : celle de l'homme derrière la caméra, celle du ou des personnage(s) masculin(s) dans le film, et celle du spectateur.
Mansplaining
Concept popularisé par les féministes américaines dans les années 2010 qui désigne une situation où un homme (en anglais « man ») expliquerait (en anglais « explain ») à une femme quelque chose qu'elle sait déjà, sur un ton généralement paternaliste et/ou condescendant.
Matrimoine
Mot remontant au Moyen-Âge, il désigne l'héritage culturel transmis par les femmes, de la même manière que le patrimoine est celui transmis par les hommes. « Nommer notre matrimoine, c’est permettre aux femmes comme aux hommes de se situer dans une filiation mixte, de pouvoir se reconnaître dans des modèles masculins ET féminins. C’est former les jeunes générations à d’autres rôles sociaux et permettre l’émergence d’une scène artistique plus égalitaire. » Aurore Evain
Mixité
On peut utiliser ce terme quand dans une profession ou un secteur d’activité est présent au moins 30% de l’un des deux sexes. Cette coprésence ne se conjugue pas avec une neutralisation du genre.
Parité
La parité est un outil, autant qu'une fin visant le partage à égalité du pouvoir de représentation et de décision entre les femmes et les hommes. Elle est une exigence de justice et de démocratie (Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, 2015).
Plafond de verre
« Barrières invisibles, artificielles, créées par les préjugés comportementaux et organisationnels qui empêchent les femmes d’accéder aux plus hautes responsabilités » (BIT), ou « métaphore décrivant la disparition progressive des femmes à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie » Laure Béreni. De nouvelles formulation sont proposées : parois de verre, plancher collant, ciel de plomb.
Stéréotypes de genre
Représentation caricaturale, figée, une idée reçue, une opinion toute faite et véhiculée sans réflexion concernant un groupe humain ou une classe sociale. Les stéréotypes créent de l’autolimitation et ont un effet psychologique sur la construction de soi. Ils naturalisent les différences pour mieux les fixer.
Sexage
Néologisme popularisé par l’anthropologue Colette Guillermain dans son ouvrage Sexe, race, et pratique du pouvoir. Le sexage désigne non seulement l’exploitation économique des femmes par les hommes, mais également leur appropriation et leur usage par ceux-ci. Le terme ainsi rapproché de la notion « d’esclavage » qui renvoie également à une appropriation physique totale, c’est-à-dire non limitée et non quantifiée. Le sexage est ainsi à l’économie domestique moderne ce que le servage était à l’économie foncière du Moyen Age (cf. Sylvia Federeci).
Les agissements sexistes
Agissements sexistes
Les agissements sexistes sont spécifiques au Code du Travail et se limitent donc à la sphère professionnelle. Le Code du Travail dispose que « Nul ne doit subir d’agissement sexiste, défini comme tout agissement lié au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant ». (C. trav., art. L. 1142-2-1). Ces agissements bénéficient d’une large tolérance sociétale, quand ils ne sont pas carrément encouragés dans certains milieux. Il est donc urgent de savoir qu’ils sont réprimés par la loi. Et lourd de conséquences pour celles qui les subissent, comme pour l’environnement de travail. Il s’agit des remarques sur les vêtements, le corps, la parentalité, la sexualité, des blagues, des coupures de paroles, de propos méprisants en raison du sexe de la personne, de tâches pourtant communes qui échoient systématiquement aux femmes d’une équipe (prise de notes, café, vaisselle…), d’injures.
Discrimination directe
Distinction directe, fondée sur un critère (sexe, âge, origine…) qui ne peut être justifiée sur la base de distinctions prévues par la loi.
Discrimination indirecte
Une disposition, un critère ou une pratique neutre en apparence, mais susceptible d'entraîner un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d'autres, en particulier relatif à leur sexe.
Sexisme
Dans son premier état des lieux du sexisme en France, le Haut Conseil à l’Égalité propose la définition suivante : idéologie qui repose sur le postulat de l’infériorité des femmes par rapport aux hommes, d’une part, et d’autre part, un ensemble de manifestations des plus anodines en apparence (remarques…) aux plus graves (viols, meurtres…). Ces manifestations ont pour objet de délégitimer, stigmatiser, humilier ou violenter les femmes et ont des effets sur elles (estime de soi, santé psychique et physique et modification des comportements).
Violences sexistes
Elles n’ont pas de définition juridique stricte et regroupent un large spectre de faits. Parmi elles, on trouve les actes de discrimination en raison du sexe, le harcèlement sexuel, l’outrage sexiste et les agissements sexistes.
Violences sexuelles
Elles regroupent le viol (tout acte de pénétration sexuelle commis par violence, contrainte, menace ou surprise), les agressions sexuelles (acte à caractère sexuel sans pénétration commis par violence, contrainte ou surprise, y compris le fait de contraindre à se livrer à des activités sexuelles avec un tiers), l’exhibition sexuelle, le voyeurisme (y compris le délit de captation d’images impudiques) et l’administration de substances en vue de commettre un viol ou une agression sexuelle.